Monday, May 24, 2010

decimal poetry

Decimal Poetry: Notes on Garth Bowden

One of the paradoxes of contemporary society is that while on the one hand we are privileged with access to an unparalleled abundance of communicative channels - many now feel adrift and spurned if not granted a daily inundation of texts, emails, tweets and ‘Facebookings’ – on the other hand the general content of our communicative exchanges has never seemed more impoverished, more bereft of both meaning and style. To misappropriate a line of John Cage’s, it often seems “we have nothing to say and we are saying it” and that we are approaching the condition diagnosed by Marshall MacLuhan as far back as the 60’s whereby “the medium is the message” ie. it hardly matters what is said as long as the apparently-empowering sensation of networking interface is achieved.
The work of Garth Bowden is built upon such paradoxes – one could say his art follows Blake’s dictum “Without contraries is no progression”. His ongoing fascination with binary sequences is part of a concern to avoid simplistic, unitary meanings and instead set up dialogues and interplays across his work as a whole. In this way, the monochromatic grids of 1s and 0s that make up his Binary paintings work on numerous levels, each offsetting the other. At first glance, these pieces might seem austere abstracts with an almost shimmering surface-effect. Then, on closer inspection, we notice the meticulously-arranged rows of tiny digits and wonder what they might add up to, perhaps puzzled by the inclusion of mathematical figures in a ‘fine art’ context. We then remember how binary codes are the information-bearing language of computer processors and so covertly underpin much of our society (from the international banking system to our very identities): is there a social critique of the tendency to reduce individuals to mere data going on here? The initial reference seems to be to The Matrix, with its key-image of reality being replaced by a network of numerals in constant flux, but one could also see an ironic resemblance to the Rosetta Stone, that Ancient Egyptian monolith inscribed with rows of hieroglyphs. Another paradox: ancient and modern languages collide and clash: is either more cryptic or unintelligible than the other?
This is one example of what Garth has often said of his work: that fundamentally it is “an exploration of language”. The Russian critic Victor Schlovsky identified the key effects of literary text as being both a defamiliarisation and a deceleration of language. In the same way, Garth’s depiction of numerals and fragments of found text recontextualises them as static artefactsand makes us reflect anew on the barrage of signs that surrounds us. Language is never the naturalised, transparent medium it seems in our information-saturated world but is in fact always heavy with social and cultural meanings, to the extent that it could be said to shape our perceptions and ideologies in largely unconscious ways.
In Garth’s most recent paintings, the Death and Ecstasy sequence, he seems to be confronting the ultimate binary-opposition: life and death. One is reminded of Baudelaire’s fateful dualism: Tout enfant, j'ai senti dans mon cœur deux sentiments contradictoires : l'horreur de la vie et l'extase de la vie. In these powerful, lyrical works Garth seems to be moving beyond the pared-down vision of the Binary Sequence to a deeper conception of what art can still achieve : against the horror of a world where human identity is codified into mere commodity and where culture and language have degenerated into meaninglessness, a life-affirming esctasy (through sexuality, personal faith, belief in the quality of experience and ideas) can still at times be grasped.
Oliver Dixon 2010

Oliver Dixon is a writer and lecturer based in London whose poems and reviews have appeared in PN Review, The Wolf, Frogmore Papers and Nth Position


Garth Bowden poésie décimale mai 2010

Un des paradoxes de la société contemporaine est, d’un côté, la surabondance d’accès aux canaux de la communication dont nous bénéficions (beaucoup d’entre nous se sentent rejetés et désemparés s’ils n’ont pas leur manne quotidienne de textes, de courriels, de potins tweeter ou d’échanges sur Facebook) et de l’autre, la pauvreté de nos échanges qui n’a jamais semblée plus grande, plus dénués qu’ils sont à la fois de fond et de forme. Pour détourner un vers de John Cage, il semble que, le plus souvent , nous n’avons rien à dire et qu’ il nous faut le dire, approchant ainsi de la situation déjà analysée par Marshall Mac Luhan dès les années 60, où le medium devient le message. C’est-à-dire que le fond n’a pour ainsi dire aucune importance tant que nous avons la sensation de puissance illusoire que nous procure la création de réseaux sur l’interface.

L’œuvre de Garth Bowden est construite sur de tels paradoxes .On pourrait avancer que son art illustre l’aphorisme de William Blake selon lequel il n’y a pas de progression sans contraires. Sa fascination actuelle pour les séquences binaires révèle son souci d’éviter la simplification et la réduction du sens. Au lieu de cela, il établit des correspondances et des échos dans l’ensemble de son œuvre. Ainsi, les grilles monochromes de 1 et de 0 qui constituent ses peintures intitulées Binary (Binaire), ont de multiples niveaux de sens, chacun éclairant l’autre. Au premier regard, ces pièces peuvent sembler d’austères œuvres abstraites dont la surface tremble presque d’un effet miroitant. Puis, en s’approchant, on distingue l’agencement méticuleux des rangées de chiffres minuscules et on s’interroge sur leur rôle, peut-être déroutés par la présence de ces symboles mathématiques dans un contexte artistique. Alors on se souvient que les codes binaires sont le véhicule de l’information dans le langage des processeurs et constituent donc la base sous-jacente de bien des choses dans notre société (du système bancaire international jusqu’à nos identités elles-mêmes). Faut-il y voir là une critique sociale de cette tendance à réduire les individus à de simples données ? La première référence semble être Matrix, avec son image-clé de ce flot continu de séquences chiffrées qui se substitue à la réalité. Mais on peut aussi y voir une ressemblance ironique avec la pierre de Rosette, ce bloc monolithique de l’Egypte ancienne où sont gravées des rangées de hiéroglyphes…Encore un paradoxe : les langages anciens et modernes se choquent et s’entrechoquent. L’un est-il plus mystérieux ou hermétique que l’autre ?

Ceci illustre ce que Garth dit souvent de son œuvre : qu’elle est fondamentalement une exploration du langage. Le critique Russe, Victor Schlovsky a identifié les principaux effets du texte littéraire comme étant à la fois la défamiliarisation et la décélération du langage. De la même manière chez Garth, la représentation de chiffres et l’usage de fragments de textes rassemblés les resituent dans un nouveau contexte d’artefacts statiques, nous plongeant ainsi dans une nouvelle réflexion sur le déluge de signes qui nous entourent. Le langage n’est jamais l’outil policé et simple qu’il semble être dans notre monde saturé d’informations. Il est, en fait, lourd de significations sociales et culturelles au point qu’on pourrait dire qu’il façonne notre perception, nos idéologies, d’une manière largement inconsciente.

Dans ses peintures les plus récentes, la suite Death and Ecstasy (Mort et Extase), Garth semble se confronter à l’ultime opposition binaire, celle de la Vie et de la Mort. La dualité tragique de Baudelaire revient à l’esprit… « Tout enfant j’ai senti dans mon cœur ces deux sentiments contradictoires : l’horreur de la vie et l’extase de la vie. » Dans ses œuvres puissantes et lyriques Garth parait évoluer au-delà de la vision étroite de la Suite Binaire vers une conception plus profonde de ce que l’art peut encore réaliser : à l’horreur d’un monde où l’individu n’est plus qu’un simple produit de base et qui a laissé la culture et le langage se vider lentement de leur sens, il oppose l’expérience encore possible de l’extase de la vie (à travers la sexualité, la foi personnelle et la conviction de l’intérêt de l’expérience et des idées).

Oliver Dixon 2010

Oliver Dixon est un auteur et un conférencier basés à Londres dont les poésies et les revues sont apparues en PN Review, The Wolf, Frogmore Papers et Nth Position

1 comment:

  1. Thanks Garth for posting my hastily-written notes, you didn't give me much time! But sometimes it's good to work rapidly and to deadlines in a 'first thought best thought' kind of way. As far as my French allows the translation seems a good one. It's amazing how more elegant and philosophical one's words sound in French! Hope the exhibition went well.

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